Lorsqu’elle reprend l’exploitation de ses grands-parents en 2011, jamais Séverine Thévenin n’aurait un jour imaginé monter les marches d’une des plus prestigieuses manifestations au monde, le Festival de Cannes ! Et pourtant, sa vie allait vite ressembler à celle d’une princesse… Enfin presque !
« Mais tu n’y connais rien ! Tu n’y arriveras jamais ! » Voilà tout ce qu’il fallait dire à cette jeune femme audacieuse pour qu’elle entame seule un projet pharaonique à Merrey-sur-Arce (Côte des Bar / Aube) : rénover l’exploitation viticole familiale avec ses 10 hectares de terrain agricole, de vignes et sa grande ferme qui menaçait de s’écrouler.
Certes, une licence de maths, un DUT de gestion des entreprises et un passé professionnel de commerciale avertie l’avaient précédemment formée sur le plan administratif mais côté terrain, elle avait tout à apprendre.
La Fée Communication s’étant penchée sur son berceau, elle rencontre une personne qui va booster l’avenir de son projet : William Arlotti, cogérant de l’agence House Off à Paris. Dès lors, il lui apprend tous les rouages du marketing, lui ouvre son précieux carnet d’adresses, la machine est lancée. Et une longue amitié va naître entre eux.
Séverine, c’est une météorite que rien n’arrête. Travailleuse acharnée, de jour comme de nuit, elle veut tout voir, tout savoir. Avec un sourire à damner un saint, elle arrive à déplacer des montagnes par sa simple gentillesse et sa rage de convaincre.
« Ma grand-mère vendait déjà ses raisins à la Maison Vranken-Pommery, alors j’ai continué tout en gardant une parcelle pour faire du Champagne ! Eu égard aux énormes investissements, j’ai préféré éviter les charges colossales qu’engendrerait l’équipement d’une cuverie personnelle », déclare-t-elle.
Quelles cuvées pour cette surdouée de la grappe ?
Incorrigible chalengeuse, elle en créée trois. La première est un classique cépage 100 % Pinot Noir.
La seconde, un nouveau défi : également un 100 % Pinot Noir mais dans une bouteille rose bonbon car elle voulait « un truc bling-bling qui sorte de l’ordinaire ! » Pari gagné car plus girly, c’est chez Barbie peut-être !
Ces deux premières cuvées rosées ont un caractère festif et fruité en bouche.
Et la troisième est complètement différente, une petite pépite uniquement déclinée en 500 bouteilles. Avec un nom de star : Haute-Couture, pour un mélange de Pinot Noir et Chardonnet, resté en cave 6 ans. Un petit bijou avec une délicate saveur boisée, le parfum d’un vieillissement subtilement dosé…
Comment exister dans le monde des grandes maisons de Champagne ?
« Simple mais ne jamais se reposer sur ses acquis. Un énorme merci à Sofia Van Daele, alors directrice générale du Hilton, qui a cru en moi et qui m’a référencée chez elle. Ça m’a ouvert les portes du paradis, explique Séverine Thévenin.
Moi, petite viticultrice de l’Aube, avec mes 12 000 bouteilles à l’année, je pouvais enfin côtoyer les grandes marques comme Veuve Cliquot, Moët et Chandon, Taittinger dont certaines tournent à 80 millions de bouteilles l’an. Et surtout acquérir la crédibilité qu’il me manquait. »
Séverine est solaire. Lorsqu’on la rencontre, on ne peut qu’être touché par sa bienveillance et sa détermination. Alliées à son professionnalisme, voilà un Champagne rosé atypique, chaleureux et gourmand. À son image. Certains ne s’y trompent surtout pas comme Le Conseil Constitutionnel, le Sénat, le Festival de Cannes ou…le GIGN !
Un de ses prochains défis ? Le Trophée Rose des Sables (10-22/10/23), rallye caritatif 100 % féminin qui traversera le désert marocain.
« Pour moi, tout ce qui est impossible est forcément…possible ! », conclut elle en souriant.
Alea jacta est !