Le troisième site de formation du Campus Terres de l’Aube a sa propre identité et peut envisager l’avenir avec ambition à Bar-sur-Seine, au cœur du vignoble.
Il n’y a pas que Troyes qui a son cœur, Bar-sur-Seine aussi ! Le centre de formation viti-vinicole de la Côte des Bar s’appelle désormais Cœur de vigne, parce qu’il est implanté au cœur du vignoble, « par des femmes et des hommes de cœur au service d’autres femmes et hommes de cœur de ce territoire », comme le précise Stephen Bonnessoeur, directeur du Campus Terres de l’Aube. Un logo y est accolé, moderne, stylisé, intégrant les symboles viticoles et l’innovation. Il est signé de l’Agence Wanted Design.
Après trente ans d’existence, ce centre de formation par apprentissage a désormais son propre nom. « Il était temps ! », glisse le directeur, fier de le considérer comme l’un des trois sites du Campus Terres de l’Aube avec Saint-Pouange et Crogny et d’annoncer son « prénom composé » : Viti vini vici (pour copier César). Viti et vini, on se doute du lien avec le vignoble. Quant à « vici », il l’explique : « Nous sommes là pour vaincre les vents contraires (…) et réaliser nos ambitions et nos rêves, les vôtres ».
Un constat pour redresser la barre
Les vents contraires, le directeur les a rappelés à une assistance composée d’apprentis, de parents, de partenaires et d’élus, vendredi. Car bien que la directrice Émilie Urbes qualifie de « secteur d’avenir » la viticulture, le recrutement reste difficile, alors que la demande de main-d’œuvre qualifiée sur le territoire est réelle. « La fermeture de la Maison familiale viticole du Barrois aux Riceys n’a profité ni au monde viticole de la Côte des Bar ou du Nord bourguignon, ni à notre centre de formation de Bar-sur-Seine », a pointé Stephen Bonnessoeur.
À son arrivée, en 2021, il décrit une situation délicate sans « recrutement en CAPa, en seconde pro et un recrutement modeste en BTS ». « Alors que 23 % de l’AOC Champagne se situent ici avec ses besoins, ceux d’une filière prospère où les perspectives de carrière valorisante et diversifié sont légion, pourquoi peu s’y intéressaient ? » Il y voit quatre raisons majeures : un site sans responsable sur place à temps plein ; une concurrence avec des voisins d’Avize, Gionges ou Beaune considérés par beaucoup comme « plus nobles » ; des apprentis qui faisaient la moitié de la semaine à Bar-sur-Seine, l’autre à Saint-Pouange, et un manque de visibilité de l’établissement.
Des faiblesses qui tendent à s’amenuiser
Pour affronter ces vents contraires, tout un travail a été mené conjointement. Une directrice, Émilie Urbes, a été nommée en septembre 2022. Une équipe pédagogique « rajeunie, ambitieuse, qualifiée et ouverte sur le monde et les défis techniques, environnementaux et économiques de ce siècle » s’est installée dans cet établissement qui n’est pas moins « sérieux » que les autres, et idéal pour « travailler et vivre au pays ».
Tous les cours ont été rapatriés à Bar-sur-Seine. Finis les trajets jusqu’à Saint-Pouange. L’intérêt des apprentis est privilégié. Un important travail de communication – y compris au niveau de l’Éducation nationale – a été entrepris pour faire connaître le centre de formation viti-vinicole de Bar-sur-Seine. Pour « dire à tout le monde que notre bureau quotidien, ce sont les vignes, les bois, les champs, qu’on peut y chanter à tue-tête en bossant (…) Qu’à chaque saison, chaque jour, chaque heure, le paysage est différent et que c’est une chance infinie de s’y reconnecter avec la nature, le milieu naturel de l’humanité depuis des millions d’années. La vraie vie est ici, n’en doutez pas ! », a insisté Stephen Bonnessoeur.
Une évidence
Rapidement, le centre de formation a rouvert toutes les classes et augmenté de 30 % ses effectifs. « Ce n’est pas suffisant pour atteindre l’équilibre économique », mais le travail se poursuit et les responsables comptent bien sur ce nouveau nom pour asseoir vraiment sa notoriété. « Le bras armé du Campus Terres de l’Aube », au service de la viticulture-œnologie de la Champagne et de la Bourgogne, peut croire en son avenir. Il n’est plus une « antenne » mais un beau « Cœur de vigne ». « Une juste reconnaissance » selon Dominique Baroni, le maire de Bar-sur-Seine, dont le soutien est appréciable et apprécié. « Une magnifique image qui symbolise tellement notre amour inconditionnel pour la vigne, pour le champagne et pour notre territoire. Un choix qui marque l’histoire du CFA viticole, qui évoque une identité forte aux valeurs universelles, qui ancre sa place au cœur de la Côte des Bar et qui sonne comme une évidence », s’est réjouie Valérie Bazin-Malgras, la députée.