Depuis la semaine passée, des vignerons volontaires font des prélèvements qu’ils observent et analysent, afin de suivre la maturation des raisins et avancer une date de récolte.
Temps fort de l’année pour la Champagne et en particulier dans le Barséquanais, les vendanges s’annoncent. Elles se dérouleront en septembre cette année. Les vignerons parlent du 7…
En réalité, pour l’heure, personne ne sait exactement quel jour il commencera sa récolte. Actuellement, chacun surveille ses parcelles. Tout se déroule pour le mieux. « Nous en sommes à 80 % de véraison », précise Vincent Phlipaux, vigneron des Riceys. Ce dernier a rejoint ses collègues chez Ludovic Soilly, ce jeudi matin. Tous participent au réseau Matu (Matu comme maturation).
Depuis 1987
Placé sous couvert de l’Association viticole champenoise et du Comité interprofessionnel des vins de Champagne, ce réseau est un outil collaboratif. Dans chaque secteur de la Champagne et par contrée, des prélèvements de raisins sont effectués deux fois par semaine depuis la mi-août. Les données : véraison, état sanitaire, poids, degré, sucre, acidité, etc., sont recueillis, avant d’être regroupés et étudiés. Grâce à cela, la date optimale de lancement de cueillette pourra être fixée.
« Tous les feux sont au vert »
Ce réseau est actif en Champagne depuis 36 ans. Ce sont les vignerons eux-mêmes qui en sont à l’origine, à la suite d’une perte de récolte en raison d’une date mal choisie. « Il nous reste deux prélèvements à faire la semaine prochaine » , souligne Ludovic Soilly. Ensuite le Comité Champagne pourra décider. C’est le 2 septembre que les dates d’ouverture de récoltes, commune par commune, seront annoncées afin de lever le fameux « ban des vendanges ». Chaque vigneron décidera alors de la date de ses vendanges en fonction de ses parcelles. Il peut y avoir des dérogations pour commencer avant, mais elles sont encadrées.
Mercredi matin, les personnes présentes penchaient pour le jeudi 7 septembre. « Tous les feux sont au vert » , entendait on. Les vignerons sont confiants. L’état sanitaire est correct ; tout juste quelques échaudages sont relevés. « Nous avons eu de la pluie au bon moment et ensuite des coups de chaleur, mais il y avait une réserve en eau. Toutefois en fonction de cet état sanitaire, on sera obligé d’adapter les dates », éclaire Vincent Phlipaux.
De grosses grappes
Une vingtaine de prélèvements sont comparés aux Riceys dans le cadre de ce réseau Matu. « On peut ajouter ceux de Balnot-sur-Laignes, de Polisy, de la cave coopération et de la Maison Bonnet », précise Ludovic Soilly.
Les moyennes de ce jeudi 24 août étaient de 6,7º pour le Pinot noir et 7,3º pour le Chardonnay. « Nous augmentons d’environ 1,5º par semaine actuellement », note-t-il, tandis que certains avancent encore une « année atypique et exceptionnelle ».
En effet, pour l’heure, le poids des grappes est tout à fait remarquable, aux environs de 200 grammes. « Du jamais vu », glisse Pascal Morel qui du coup ajoute : « Ça va couper vite et le pressoir va s’engorger, mais j’aime bien quand c’est comme ça ! » Également producteur de Rosé des Riceys, ce dernier est confiant pour en élaborer cette année. « Nous avons de bonnes conditions pour cela. Les demandes sont déjà faites depuis un mois. »
Rappelons que le Rosé des Riceys ne peut être issu que des 350 hectares de coteaux pentus bien exposés, sur les 866 ha que compte le finage riceton. Ce vin tranquille est élaboré avec des raisins de Pinot noir à l’état sanitaire parfait. Environ 25 vignerons l’élaborent.
La tension monte dans le vignoble. Il va falloir trouver la main-d’œuvre nécessaire pour ces vendanges 2023.